Caracoler à Karakol...

La descente du col n'a pas été longue... 5kms plus bas, THE panneau again... dans une vallée toute différente, les appareils photos crépitent. ..  c'est…

10kms plus loin, on tombe sur une trentaine de petites tentes multicolores!???? Mais?? C'est quoi???
Des gars nous attendent sur la route. Bonjour, vous venez d'où? Vous allez où? Wow, avec votre fils? Pas trop dur le Pamir en tandem? Il pédale?
Mais oui je pédale!! répond immédiatement le père Gab.

C'est un groupe de cyclistes de tourdafrique.com, compagnie canadienne qui organise des trips en vélo: bagages dans le camion, repas assurés, itinéraire tracé, assistance médicale,  mécanique. . 35 cyclistes et une support team de 5 personnes!
Un peu le contraire de nous!
Ils nous invitent pour un café, il est 16h.
.. et ça discute, ça questionne.. tous regardent nos chargements... comment vous faites pour monter??
Les discussions se poursuivent. On se fait inviter à dîner, ragoût de yak! Et on campe finalement à côté d'eux. La soirée est sympa, un peu de mondanités cyclistes au milieu du Pamir! Gab jubile, passe de la cuisine au camion d'assistance, copine avec tout le monde. J'ai du mal à le coucher!

Un berger est juste derrière le campement avec son troupeau de yaks, on assiste à la traite. On est toujours au dessus de 4000.

Petit dej avec le groupe le lendemain et on continue vers  Karakol alors qu'ils partent vers Murgab.

Et le vent se lève, froid, glacial, d'une violence impitoyable... avec des rafales qui viennent nous fouetter en traître...
On fait péniblement 56 kms ce jour là alors que nous n'avons que du plat et de la descente.
Un caravansérail à moitié écroulé nous offre heureusement une jolie pause sur le chemin.

L'arrivée à Karakol est splendide de par les paysages: le lac est immense, bleu turquoise.  Les montagnes frôlent les 7000m. Le pic Lenine n'est pas loin . On descend au bord de l'eau, ça sent la mer, le lac est salé. C'est tellement troublant. Le bruit des vagues surprend aussi au milieu des montagnes... endroit unique... le lac est à 3900m d'altitude, entourés de montagnes immenses. Les paysages rappellent le lac Titicaca. La même beauté, la même immensité. ..

L'arrivée au village de Karakol est beaucoup moins exaltante. L'endroit est balayé par un vent violent. Tout le monde reste à l'intérieur et un camp militaire délabré domine le village. Glauque...
On cherche LA boutique mais on n'y trouve pas grand chose si ce n'est un jus de cerise bien chimique qui nous fournit, au moins, une bonne dose de sucre après notre lutte contre le vent.
On s'arrête dans un homestay pour prendre un thé à l'abri du vent et accessoirement, leur acheter du pain... le thé à l'abri nous engourdit... on se fait violence pour repartir.

Départ et 500m plus loin, petite voix de Gab: Maman?
Hum
Euh..j'ai oublié mes lunettes...
Arrêt. Je débarque les sacoches et fait demi tour, à fond, seule sur le tandem, pour aller les chercher... beau sprint! Thierry attend gentiment avec Gab et les sacoches.
ouf!

5kms plus loin, spot de camping recommandé par l'ange espagnol de Murgab. On peut se laver dans la rivière glacée, tonique, tonique…
Le vent est violent et il devient de plus en plus glacial. Il fait très froid. On dîne tous les 5 dans la tente de Keirin et Marlene.

Il gèlera dans la nuit. Toutes les gourdes ne sont que glace le lendemain…

C'est aussi la nuit où Nigel décidera de quitter notre bas monde. Gab dort très mal, se réveille plusieurs fois, fait des cauchemars... Je mets ça sur le compte de l'altitude mais peut être qu'il savait que son second grand père était en train de mourir. Nous n'aurons la nouvelle que 36h plus tard, injoignables que nous sommes.
Nous étions dans un endroit inoubliable quand il nous a quitté. Nous garderons ce bleu magnifique de Karakol dans nos coeurs en pensant à Nigel.

On n'a donc pas beaucoup caracolé à Karakol!

C'est la dernière fois que l'on a vu Nigel, 

le jour de son mariage avec Mima, en mars dernier à Londres